Numéro spécial 36 - 2021
N° ISSN : 1272-6117
Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 36 - 2021.
De l’ïle-de-France à l’Europe du Nord-Ouest. Les peuplements humains avant le Dernier Maximum Glaciaire. Bilan, objectifs et perspectives de la recherche. MAE (Nanterre), 15-16 octobre 2018 Sous la direction de Frédéric Blaser, Hélène Djema, Jean-Luc Locht & Christine Chaussé.
disponible
Ouvrage A4 de 332 pages en quadrichromie sur papier couché 135 g, couverture cartonnée, pelliculée, dos rond cousu, collé.
Nombreuses illustrations
Sommaire :
• In mémoriam Patrice Rodriguez par le comité scientifique
• Avant-Propos par Stéphane Deschamps
Introduction par Frédéric Blaser, Hélène Djema, Jean-Luc Locht & Christine Chaussé.
Détecter les sites paléolithiques en archéologie préventive
• à la recherche des sites de la Préhistoire ancienne en archéologie préventive. Procédures, enjeux et état des lieux de 20 ans de prescriptions archéologique en Hauts-de-France et en Île-de-France (1998-2018) par émilie Goval, Luc Vallin, Hélène Djema & Jean-Marc Gouédo.
• Comment l’archéologie préventive a-t-elle contribué au renouvellement de la perception du Paléolithique dans le Nord de la France ? par Jean-Luc Locht, Sylvie Coutard, David Hérisson, émilie Goval, Clément Paris & Pierre Antoine.
• L’apport des services de collectivité à la détection et à la connaissance des occupations paléolithiques : l’exemple du service départemental d’archéologie du Val-d’Oise (SDAVO) par Patrice Rodriguez & Hélène Djema.
• L’apport des associations de bénévoles dans la détection des sites archéologiques, l’exemple des industries à petits bifaces par Jean-Michel Portier.
Données récentes sur le paléolithique antérieures au dernier maximum glaciaire en Île-de-France
• Données quaternaires franciliennes antérieures au dernier maximum glaciaire : éléments de synthèse issus de deux décennies de recherche en archéologie préventive par Christine Chaussé, Céline Coussot, Patrice Wuscher et al.
• Les gisements à grands mammifères avant le Dernier Maximum Glaciaire en Île-de-France et en Centre Val-de-Loire : inventaire, apports des anciennes collections et des nouvelles données par Grégory Bayle.
• Peuplements et territoires paléolithiques avant le Dernier Maximum Glaciaire : retour sur 10 années d’activités dans le cadre de l’archéologie préventive francilienne par Frédéric Blaser, Sophie Clément, Hélène Djema, Jean-Luc Locht, Christine Chaussé, Céline Coussot et al.
• Caractériser un site dès le diagnostic : spécificités de la Préhistoire Ancienne. Exemple du site de « Pont Cailloux » à Thiverval-Grignon (78) par Sophie Clément & Céline Coussot.
• Les derniers quarante-milles ans du Paléolithique moyen en Île-de-France (80-40 ka) : lacunes et nouvelles perspectives au voisinage des affleurements de sables stampiens par Mathieu Leroyer avec la collaboration de Pierre Bodu, Henri-Georges Naton, Frédéric Blaser, Grégory Debout, Yann Lejeune, Hélène Salomon, Jessica Lacarrière & Isabelle Théry-Parisot.
Les modalités de peuplement du nord de
la france avant le maximum glaciaire
• Les particularités morphostratigraphiques des plaines du nord de la France. Implications sur la préservation et la détection des sites paléolithiques antérieures au dernier maximum glaciaire. par Laurent Deschodt.
• Le Pléistocène de la région Centre Val-de-Loire : données anciennes et données récentes issues de l’archéologie préventive par Jackie Despriée, Quentin Borderie, Céline Coussot, Philippe Gardère & Morgane Liard.
• Occupation du territoire aux marges méridionales du Bassin parisien durant le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur ancien : nouvelles données par Philippe Gardère, Fiona Kildéa & Nasser Djemmali.
• Du nouveau à l’Est : les recherches récentes sur le Paléolithique en Alsace menées dans le cadre du PCR PaléoEls par Patrice Wuscher, François Bachellerie, Simon Diemer, Héloïse Koehler, Sylvain Griselin, Simon Goudissard, Magali Fabre, Axel Pracht, Nathalie Scheider, éric Boës & Olivier Moine.
• La recherche sur les périodes paléolithiques antérieures au Dernier Maximum Glaciaire en archéologie préventive. Bilan, objectifs et perspectives par Frédéric Blaser, Jean-Luc Locht, Hélène Djema & Christine Chaussé.
Résumés :
A la recherche des sites de la Préhistoire Ancienne en archéologie préventive : procédures, enjeux et état des lieux de 20 ans de prescriptions archéologiques en Hauts-de-France et en ïle-de-France (1998-2018)
Le rôle du ministère de la Culture, en matière d’archéologie par le biais des services déconcentrés que sont les DRAC (service régional de l’archéologie) comporte de multiples facettes. De l’acte de la prescription à la recherche de solution de conservation, le SRA est au cœur de l’équation : projet d’aménagement (destruction) – problématique scientifique – protection du patrimoine (conservation). Les maillons de la chaîne opératoire de l’instruction d’un dossier d’urbanisme sont nombreux. Quels sont les choix scientifiques opérés ? Quelle est la politique de prescription mise en oeuvre dans le cas d’un site préhistorique ? Est-elle similaire pour l’ensemble des périodes archéologiques ? Quelles applications du code du patrimoine ? Une approche comparée des pratiques entre les Hauts-de-France et l’Île-de-France est à ce titre proposée, afin de dresser un état des lieux de 20 ans de prescription archéologique pour la Préhistoire ancienne entre 1998 et 2018
Comment l’archéologie préventive a-t-elle contribué au renouvellement de la perception du Paléolithique dans le Nord de la France
La fouille de Riencourt-les-Bapaume a marqué un tournant méthodologique décisif pour la Préhistoire dans le nord de la France. Désormais, depuis près de trente ans, des sondages systématiques sont effectués par des équipes spécialisées pour la détection de sites paléolithiques à l’aval des projets d’aménagement et de construction. La construction régulière de grands tracés linéaires (A16, A29...) a permis l’accumulation de très nombreuses données. Un cadre chrono-stratigraphique des occupations humaines paléolithiques a ainsi pu être établi et atteint désormais un niveau de résolution sans égal au niveau européen. Cette finesse permet de mettre en évidence la variabilité des industries lithiques sur le temps long selon les phases chrono-climatiques, et in fine d’identifier des groupes culturels distincts et cohérents. En contexte de tracés linéaires, les découvertes sont le plus souvent suivies de fouilles systématiques. Ces grands décapages ont permis d’appréhender le fonctionnement interne des gisements, notamment par l’étude dynamique des remontages, mais également au-delà du simple locus, à l’échelle de paysage véritablement grâce aux dimensions colossales des surfaces décapées. En fonction des récurrences comportementales observées sur plusieurs sites sub-contemporains, des hypothèses de restitution des territoires ont aussi pu être tentées. A côté de ces grands tracés linaires qui demeurent exceptionnels (dans le temps et vus les moyens alloués), les opérations quotidiennes sont souvent de faible ampleur et se limitent à des diagnostics parfois approfondis. Les découvertes sont très (trop) rarement suivies d’une fouille, mais elles s’inscrivent pleinement dans les programmes de recherche en cours.
L’apport des services de collectivité à la détection et à la connaissance des occupations paléolithiques : l’exemple du service départemental du Val-d’Oise (SDAVO)
Le territoire du Val-d’Oise bénéficie de longue date d’une réputation concernant la recherche sur les périodes paléolithiques. Toutefois, les découvertes de sites sont longtemps restées rares. Ce constat a conduit le service départemental d’archéologie du Val-d’Oise (SDAVO) à développer différentes stratégies pour élargir les connaissances sur la période. L’article retrace brièvement cette démarche ainsi que ses principaux résultats et les problèmes rencontrés.
L’apport des associations de bénévoles dans la détection des sites archéologiques, l’exemple des industries à petits bifaces
La prospection de surface est certainement la méthode la plus efficace pour aborder les territoires d’occupations préhistoriques sur de grandes superficies d’échelle départementale ou régionale. Elle a donc un réel intérêt archéologique si elle est réalisée en collaboration avec les institutions archéologiques. Cette pratique peut être à la portée d’archéologues bénévoles s’ils sont bien formés et encadrés. Elle offre aux amateurs une réelle motivation pour rejoindre le milieu associatif et permet de créer des liens entre citoyens et institutions.
Données quaternaires Franciliennes antérieures au Dernier Maximum Glaciaire : éléments de synthèse issus de deux décennies de recherche en archéologie préventive
Les opérations réalisées en archéologie préventive depuis deux décennies génèrent en Ile-de-France, une information sur les formations sédimentaires quaternaires antérieures au Dernier Maximum Glaciaire (DMG). Couplée lorsque cela a été possible à des datations numériques, les observations sont cependant contrastées selon qu’elles intéressent les couvertures éo-colluviales ou fluviatiles. Les données nouvelles recueillies sur les terrasses dans les vallées du bassin de la Seine, sont dans l’ensemble minces. Ainsi actuellement, le système d’étagement des nappes alluviales dans la vallée de la Seine n’est pas connu malgré la pertinence de quelques points d’observation. Seul le secteur de la confluence Seine-Yonne bénéficie d’une information chronostratigraphique robuste pour les six terrasses les plus récentes (MIS 12 à MIS 2 – Marine Isotopic Stage), dont certaines ont livré des niveaux d’occupation du Paléolithique. Dans la vallée de la Marne, l’étude des terrasses a été initiée récemment et permet de proposer un premier schéma de leur étagement pour les trois plus récentes (MIS 7 à MIS 2) ; deux d’entre elles ont livré des sites du Paléolithique. Les formations éo-colluviales d’Ile-de-France recouvrent les plateaux de la région et leurs versants. à l’exception d’une séquence dont le bilan sédimentaire couvre les quatre derniers cycles glaciaire-interglaciaire (MIS 10 à MIS 1), les autres témoins documentent surtout, mais inégalement, le dernier glaciaire (Weichselien) et ses oscillations climatiques (MIS 5d à MIS 2). Les vestiges du Paléolithique inférieur moyen et supérieur ancien y sont récurrents. .
Les gisements à grands mammifères avant le Dernier Maximum Glaciaire en Île-de-France et en Centre Val-de-Loire. Inventaire, apports des anciennes collections et des nouvelles données
Dès le XIXe siècle, dans les Régions Île-de-France et Centre-Val de Loire, les premières recherches en Géologie et en Préhistoire ont permis de collecter des ossements de grands mammifères pléistocènes dans des dépôts sédimentaires quaternaires, notamment dans les grottes et les vallées. Malgré certaines lacunes stratigraphiques et chronologiques, ils mettent en lumière tout un potentiel de données encore à explorer ou à réexaminer. Depuis plusieurs années maintenant, l’archéologie préventive a permis d’explorer tous les divers terrains sédimentaires (alluvions fluviatiles, dépôts de versants, limons des plateaux, etc.), en couvrant généralement de grandes surfaces. La multiplication des sondages et de fouilles, notamment en Île-de-France, a permis ainsi de récentes découvertes de vestiges osseux associés à des industries lithiques bien calés chronologiquement dans le Pléistocène moyen et supérieur. Après un bref état des connaissances sur les découvertes anciennes de vestiges fauniques dans ces régions qui couvrent le centre et le sud-ouest du Bassin parisien, les découvertes récentes sont exposées, permettant une réflexion sur leur contribution aux données biochronologiques à une plus large échelle géographique mais aussi sur les contextes à potentiel paléontologique.
Peuplements et territoires paléolithiques avant le Dernier Maximum Glaciaire. Retour sur 10 années d’activité dans le cadre de l’archéologie préventive francilienne
La détection des sites paléolithiques franciliens a fait l’objet d’une attention particulière au cours de ces dix dernières années. Cette attention est issue du constat selon lequel les données paléolithiques provenant de l’archéologie préventive en Ile-de-France sont rares. Grâce à l’effort engagé par les acteurs de diverses institutions, de nombreux indices ont été découverts et près d’une dizaine d’occupations paléolithiques ont été fouillées. Cette démarche est ici présentée ainsi que les principaux résultats acquis. Parmi les principaux apports, une redéfinition du cadre géomorpho- stratigraphique et chrono-culturel des occupations humaines avant le Dernier Maximum Glaciaire peut être proposée. Les nouvelles données acquises permettent par ailleurs des comparaisons avec celles issues des régions environnantes, archéologiquement plus riches, comme les Hauts-de-France. Une réflexion sur les dynamiques de peuplements à l’échelle du Bassin Parisien est désormais possible. Ainsi, le tableau dressé pointe les nombreuses avancées en terme de connaissances archéologiques des occupations avant le Dernier Maximum Glaciaire, mais aussi les sujets, nombreux, qui restent à approfondir afin d’orienter les futures recherches.
Caractériser un site dès le diagnostic : spécificités de la Préhistoire Ancienne. Exemple du site de « Pont Cailloux » à Thiverval-Grignon (78).
Ces dernières années, la prise en compte des périodes très anciennes dans les modalités d’exécution des diagnostics en Île-de-France a connu une nette amélioration et nombre de nouveaux sites ont été découverts. L’augmentation du nombre de diagnostics spécifiques aux périodes anciennes et la systématisation de certaines méthodes ont également permis de mettre en lumière un certain nombre de difficultés, propres aux périodes diagnostiquées. Ainsi, malgré des indices parfois ténus, le préhistorien arrive à appréhender au cours du diagnostic, et en croisant diverses approches, les contours du site, déjà tangible. Cependant, bien que guidé par la position stratigraphique des vestiges, il se retrouve parfois confronté aux limites méthodologiques ou théoriques de l’exercice, qui rendent alors la caractérisation de l’occupation floue voire délicate. Que faire alors des sites « hors normes », dans le sens de... et comment allier cadre législatif, objectifs scientifiques et réalité de terrain ?
à travers l’exemple du diagnostic de Thiverval-Grignon "Pont Cailloux" nous soulevons ces limites, notamment celles qui concerne « la caractérisation » des sites, demandée dans la prescription du diagnostic, à travers par exemple la variabilité des assemblages lithiques. Généralement mieux conservés que les restes de faune, les vestiges lithiques représentent souvent l’unique moyen d’identifier un site, et de le dater. Mais qu’en est-il si celui-ci ne contient pas les pièces typiques ou spécifiques permettant de le rattacher à tel ou tel moment de l’histoire technique des sociétés préhistoriques ? Pour pallier à ces éventuelles situations, la géomorphologie est un formidable allié pour préciser l’âge et la formation d’un site. Plusieurs outils méthodologiques sont à la disposition de l’archéologue pour préciser ses hypothèses, dès la phase de diagnostic. L’exemple développé ici tend à soulever les principaux écueils auxquels les archéologues sont confrontés lorsqu’ils diagnostiquent des niveaux de la Préhistoire ancienne. L’objectif est de les mettre en lumière et de cerner leurs origines pour entamer une réflexion concrète et constructive sur la principale méthode de détection des sites du début du Paléolithique en archéologie préventive.
Les derniers quarante-mille ans du Paléolithique Moyen en Île-de-France (80-40 ka) : lacunes et nouvelles perspectives au voisinage des affleurements de sables stampiens
Cet article tente un tour d’horizon des indices de peuplements rapportables à la fin du Paléolithique moyen (75-40 ka BP), en Île-de-France. A l’instar de ce qui s’observe dans le Bassin parisien, les derniers peuplements néandertaliens ont longtemps constitué un parent pauvre des recherches régionales, notamment en raison de filtres taphonomiques affectant l’enregistrement de plein air du Pléniglaciaire weichséelien. La dernière décennie a cependant vu une multiplication d’indices, bien datés ou partageant de fortes affinités typotechnologiques avec des découvertes réalisées dans diverses régions limitrophes. Prenant acte d’importante disparités sédimentaires à travers le Bassin parisien et durant les temps du Pléniglaciaire inférieur et moyen, il convient de revenir sur les spécificités, limitations, et opportunités offertes par le contexte régional. C’est sous cet angle que sont examinées les découvertes récentes, dans le cadre préventif et programmé, mais aussi plus anciennes. Le bilan réaffirme l’intérêt des versants à affleurements de « sables et grès de Fontainebleau », très présents dans le paysage franciliens et qui semblent offrir des « fenêtres de conservation » propices, parfois exceptionnelles. C’est notamment ce qu’illustre le site des Bossats, à Ormesson (Seine-et-Marne). Sa séquence pléniglaciaire et le niveau 4 à industrie discoïde, sous un niveau du Châtelperronien, ouvrent des perspectives rares sur l’étude des dernières populations néandertaliennes d’Europe septentrionale. L’article offre un état des connaissances sur les industries du Paléolithique moyen de ce site.
Les particularités morphostratigraphiques des plaines du Nord de la France. Implications sur la préservation et la détection des sites paléolithiques antérieurs au Dernier Maximum Glaciaire
Au nord du Bassin parisien, se développe la vaste plaine nord-ouest européenne. Appartenant à cette entité morphologique, le bas-pays du nord de la France présentes des caractères physiques originaux : des plaines basses (aux environs de 20 m d’altitude) et larges (plusieurs kilomètres) sont disproportionnées par rapport au gabarit réduit des affluents qui les drainent (Lys, Deûle, Scarpe...). La couverture sédimentaire quaternaire est continue, localement épaisse (jusqu’à plus de 20 m). Le substrat ante-quaternaire à l’affleurement du bas-pays est dépourvu de roche dure susceptible d’alimenter des nappes de graviers alluviaux. Aussi la plupart des dépôts en fond de vallée du bas-pays sont composés de sable et de limon, éventuellement enrichie d’une fourniture locale en graviers de craie. Au final et bien que juxtaposé au Bassin parisien, le bas-pays possède un système morphostratigraphique très différent : vallées non encaissées, transition progressive entre versants et fonds de vallée, peu de dépôts grossiers, envahissement par les dépôts éoliens (loess, sable) des fonds de vallée à la fin du Pléniglaciaire supérieur.
Cette configuration morphostratigraphique a des conséquences importantes pour la conservation et la détection des sites archéologiques antérieures au dépôts des loess. Les gisements anciens peuvent être très bien conservés en fond de vallées (exemple du site eemien de Waziers) ou en bas de versant. Mais la détection de ce potentiel est limitée par deux facteurs :
- les profondeurs d’enfouissement (plus de 3 m à Waziers, potentiellement beaucoup plus dans certains secteurs de vallée),
- la similitude et la non-discrimination chronologique des dépôts antérieurs à la fin du Pléniglaciaire weichselien sur la base des seuls faciès qui ne permet pas l’établissement de niveau repère en sondage.
Le potentiellement archéologique associé est difficile à estimer quantitativement mais important qualitativement. La difficulté de mise en évidence de gisements archéologiques
Le PLéistocène de la Région Centre Val-de-Loire. Données anciennes et données récentes issues de l’archéologie préventive
La région Centre-Val de Loire recouvre les auréoles sédimentaires du sud du Bassin parisien. Elle correspond au bassin-versant de la Loire moyenne et déborde sur celui de la Seine dans sa partie septentrionale. Les formations pléistocènes sont des formations fluviatiles fossiles et des formations limoneuses d’origine éolienne sur les plateaux et sur les versants.
Depuis deux décennies, les systèmes fluviatiles fossiles du Loir, du Cher, et de la Creuse font l’objet d’études géochronologiques ESR et géoarchéologiques systématiques. Mises en place dès le Pléistocène inférieur, les formations sableuses ou caillouteuses ont été déposées en relation avec les cycles glaciaire-interglaciaire. Etagées sur les versants puis emboîtées dans les vals, elles sont assez bien conservées grâce au soulèvement régional. Elles ont souvent recouvert des niveaux du Très-Ancien Paléolithique (Mode 1, Oldowayen) et du Paléolithique ancien (Mode 2, Acheuléen s.l.).
Depuis 2012, dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive (Inrap) les études géomorphologiques et préhistoriques ont été réalisées sur les formations fluviatiles de la Loire et de la Sologne en amont d’Orléans. Elles ont été couplées à un programme de datations par ESR (Résonance de Spin Electronique) engagé par le Bureau des Recherches géologiques et minières qui permet de les attribuer au Pléistocène moyen et supérieur.
Dans les vals de la Loire, du Loir et du Cher, les phases successives de dépôt et d’érosion des alluvions fluviatiles récentes et de leur couverture limoneuse ont été relevées par l’Inrap et une dizaine de sites sont datés ou en cours de datation par OSL. Des niveaux du Paléolithique moyen et supérieur sont associés au pédocomplexe limoneux du Pléniglacaire weichsélien.
Parallèlement, un travail de récolement des données disponibles sur les formations d’origine éolienne déposées sur les plateaux ou les versants a été réalisé dans le département d’Eure-et-Loir Elles sont très nombreuses mais généralement d’assez faible épaisseur. Toutefois, des accumulations importantes ont été décrites à Chaudon ou fouillées à Bonneval, Illiers-Combray, Courville et Mainvilliers.
Les données pédosédimentaires et géochronologiques OSL disponibles indiquent une première séquence de loess déposés puis altérés durant la deuxième moitié du Pléistocène moyen (à partir du SIM 12) ; la deuxième séquence correspondant au Complexe de sols eémien-weichsélien. La présence d’industrie du Paléolithique moyen est observée à partie du SIM 8.
En Touraine, les opérations d’archéologie préventive menées sur les plateaux des Gâtines Tourangelles ont également révélé des séquences loessiques qui semblent avoir enregistré le dernier cycle interglaciaire-glaciaire et parfois une partie du cycle antérieur. Ces séquences contiennent des artefacts lithiques du Paléolithique moyen et supérieur.
Les premières comparaisons avec les données des régions plus septentrionales de la France sur les séquences pédosédimentaires et sur les variations des technotypologies des industries du Paléolithique moyen et supérieur peuvent maintenant être initiées.
Occupation du territoire aux marges méridionales du Bassin Parisien durant le Paléolithique Moyen et le Paléolithique Supérieur Ancien, nouvelles données
Au cours de la dernière décennie, l’archéologie préventive en Centre - Val-de-Loire a mis en lumière l’existence de séquences stratigraphiques bien préservées, auxquelles sont associées des occupations humaines du Paléolithique moyen et du Paléolithique supérieur ancien. Les contextes géomorphologiques sont variés : basses terrasses de la vallée du Loir, loess de la Gâtine tourangelle et dépôts de versants de la vallée du Cher sont les principaux pourvoyeurs de données. Les conditions taphonomiques sont propices aux études archéologiques mais le caractère fragmentaire des opérations de diagnostic entrave fréquemment la diffusion des résultats. Le regroupement des observations, adossées aux enregistrements sédimentaires et aux datations radiométriques, vient étoffer les données sur la fréquentation humaine de ce secteur géographique, trop souvent relégué en marge des sites et aires culturelles sur les cartes de répartition classiques. Plutôt qu’une zone de passage, l’archéologie préventive démontre que la région Centre est un territoire effectivement occupé avant le Dernier Maximum Glaciaire.
Du nouveau à l’Est : les recherches récentes sur la Paléolithique en Alsace menées dans le cadre du PCR Paléoels
Malgré l’existence de quelques sites de référence intensément étudiés depuis le début du XIXe siècle (Achenheim et Oberlarg par exemple), la recherche sur la Préhistoire ancienne a été peu développée ces dernières décennies en Alsace, principalement en raison du peu d’acteurs locaux investis sur la thématique. Les vestiges paléolithiques ont longtemps été jugés trop rares, par manque de matière première de qualité, ou trop difficiles à détecter à cause des épaisses couvertures sédimentaires.
Les recherches menées récemment dans le cadre de prospections thématiques et de fouilles programmées (Mutzig et Wolschwiller) et la découverte fortuite de plusieurs témoins d’occupations paléolithiques en contexte préventif ont motivé la création en 2015 du projet collectif de recherches PaleoEls destiné à établir un état des connaissances des indices archéologiques et des formations superficielles pléistocènes de la région. L’ensemble des travaux entrepris dans le cadre de ce PCR a alors permis d’élaborer des modèles de conservation et de localisation des sites archéologiques à l’échelle régionale, permettant la découverte de 7 nouveaux sites paléolithiques et la fouille de 4 d’entre eux lors de travaux d’archéologie préventive.
La recherche sur les périodes paléolithiques antérieures au Dernier Maximum Glaciaire en archéologie préventive : bilan, objectifs et perspectives
La recherche en Préhistoire est actuellement dans une impasse critique. Les sites découverts en contexte préventif sont rarement fouillés et les mesures conservatoires appliquées souvent insuffisantes pour les protéger. Ce constat constitue une limite importante pour la progression de nos connaissances. Des problèmes de prescription et de préservation des sites en passant par les questions de détection et caractérisation des occupations, à chaque étape, les auteurs exposent des pistes de réflexion et d’amélioration pour une meilleure prise en compte des spécificités de la recherche des périodes paléolithiques antérieures au Dernier Maximum Glaciaire.