Numéro 3/4 - 2022
N° ISSN : 0752-5656
Revue Archéologique de Picardie - Numéro 3/4 - 2022
disponible
Brochure 21 x 29,7, couverture couché satin 350 g, quadri recto pellicullée
(148 pages sur couché 135 g)
Dos carré collé
Sommaire :
• La place de l’animal dans les rites funéraires à l’âge du Fer chez les Suessions, les Bellovaques et les Ambiens (Hauts-de-France) par Ginette Auxiette.
• Le conduit à libations de la tombe 30 de La Chavatte (Somme) par Cécile Brouillard, Frédéric Broes, Anne Dietrich, Kaï Fechner & Nicolas Garnier.
• Une fibula humaine peinte à Arrest (Somme) par Amandine Dubois, Estelle Pinard & Yolaine Maigrot.
• Les sépultures gallo-romaines de Ginchy. Une pratique funéraire aux influences atrébates en territoire viromenduen par Johanny Lamant, Estelle Pinard & Julie Donnadieu.
• Récupération de produits bovins secondaires dans une agglomération du premier siècle en moyenne vallée de l’Oise : l’exemple de la fosse 1059 à Pont-Sainte-Maxence (Oise) "15 rue de Cavillé" par Opale Robin, Marie-Caroline Charbonnier & Denis Maréchal.
• Données récentes sur la voie d’Agrippa en contexte péri-urbain, au sud d’Amiens par Pierre-Yves Groch & Jean-François Vacossin.
• Le cas exceptionnel d’une lance à fourreau. La lance de Brissay-Choigny "La Prélette" (Aisne) par Béline Pasquini, Pauline Bombled & Guy Flucher.
Résumés :
• La place de l’animal dans les rites funéraires à l’âge du Fer chez les Suessions, les Bellovaques et les Ambiens (Hauts-de-France)
Les sépultures laténiennes situées dans les Hauts-de-France se caractérisent par des dépôts de faune dans des proportions remarquables par rapport à d’autres régions. Cette synthèse sur les données acquises au cours des quatre dernières décennies permet de discuter de la place de l’animal au sein des pratiques funéraires, des préférences, des choix des morceaux et de l’évolution durant les cinq siècles précédents notre ère.
• Le conduit à libations de la tombe 30 de La Chavatte (Somme)
La nécropole à incinérations gauloise de La Chavatte (80) a été fouillée en 2015 à l’occasion des travaux du gazoduc "Artère du Santerre". Bien que s’inscrivant dans les grandes tendances régionales, elle présente un certain nombre de particularités. Une des tombes datées de La Tène D1, originale à plusieurs égards, a livré les reliquats en bois de ce qui s’est avéré être un conduit à libations.
Il s’agit là d’une découverte assez rare. L’interprétation est le résultat d’un protocole d’analyses (xylologie, micromorphologie et chimie organique), mis en œuvre selon une démarche progressive établie à partir des constatations de terrain.
• Une fibula humaine peinte à Arrest (Somme)
L’aménagement d’un lotissement et la construction de logements sociaux sur la commune d’Arrest, à l’ouest du département de la Somme, a permis, après diagnostic, de réaliser une fouille d’une superficie de 10 000 m². Une occupation gallo-romaine est implantée sur un plateau, dominant la petite vallée de l’Avalasse, s’étalant du milieu du Ier s. av. J.-C. au début du IVe s. ap. J.-C.
Quatre séquences chronologiques ont été identifiées.
La première, allant du milieu du Ier siècle avant notre ère jusqu’au Ier siècle de notre ère, se caractérise par une série de structures fossoyées compartimentant l’espace, à l’intérieur duquel se développent des fosses et trous de poteau. La deuxième séquence est comprise entre la fin du Ier au IIe siècle de notre ère avec la présence d’une série de fosses, dont deux fonds de cabane, se développant vers le nord-est. La troisième séquence datée du IIe-première moitié du IIIe siècle de notre ère est marquée par un fossé délimitant un espace clos où se trouve un puits, des fosses et un bâtiment sur fondation en craie damée. Et enfin, la quatrième, datée de la seconde moitié du IIIe-début du IVe siècle de notre ère, regroupe un morceau de fossé, une fosse et une couche de démolition liée au bâtiment sur fondation de craie. Nous noterons la persistance des fossés du nord de la zone fouillée, au cours des quatre séquences chronologiques. C’est à partir de ces structures fossoyées que les différentes occupations vont se développer. Le mobilier découvert est riche d’enseignement sur la fonction probable de ce lieu et de ses abords. En effet, sur l’extrême nord-est et ouest de la zone fouillée, la découverte d’objets métalliques miniaturisés, de fibules et d’un chaudron mutilés intentionnellement, des jetons ou encore la présence exceptionnelle d’une fibula humaine peinte, ayant servie d’outil ou d’instrument laisse planer l’hypothèse selon laquelle nous serions à proximité d’un espace cultuel, situé hors emprise.
• Les sépultures gallo-romaines de Ginchy. Une pratique funéraire aux influences atrébates en territoire viromenduen
Deux sépultures à incinération du Ier siècle ont été mises au jour sur la commune de Ginchy (80) lors d’un diagnostic archéologique, réalisé par l’Inrap en 2017. Cet ensemble funéraire se développe au nord de la commune entre deux vallées. Il s’agit de deux sépultures situées dans un enclos visiblement quadrangulaire où l’une d’entre elles possède une architecture interne très singulière matérialisée par une marche au centre de la fosse. Le mobilier est composé de vingt-huit vases, un objet en fer et une fiole à parfum. La composition de ce mobilier et l’organisation interne des sépultures nous permettent non seulement de cerner le traitement réservé aux défunts mais également d’appréhender un rituel très codifié où le banquet semble tenir une place importante. Ces données nous apportent un nouveau regard sur la gestuelle funéraire au Ier siècle de notre ère sur le territoire viromenduen.
• Récupération de produits bovins secondaires dans une agglomération du premier siècle en moyenne vallée de l’Oise : l’exemple de la fosse 1059 à Pont-Sainte-Maxence (Oise) "15 rue de Cavillé"
La ville de Pont-Sainte-Maxence (Oise) et sa périphérie ont fait l’objet de nombreuses opérations archéologiques suggérant la présence d’une agglomération antique. Au cœur de cet espace urbain, la fouille de la fosse 1059 située "15 rue de Cavillé" a révélé une quantité importante de vestiges, tous fortement sélectionnés selon des critères précis (espèce, place anatomique, pièce osseuse, âge de l’individu abattu) et débités supposément de façon systématique. L’ensemble de ces caractéristiques suggère la présence d’une activité artisanale de récupération de produits secondaires bovins au Ier siècle. Ce traitement particulier des métapodes bovins pourrait intervenir au sein d’un réseau artisanal portant sur les produits animaux, concentrée autour de l’activité de boucherie. Cette découverte met en perspective l’aménagement et l’organisation d’un espace urbain antique dans la vallée de l’Oise.
• Données récentes sur la voie d’Agrippa en contexte péri-urbain, au sud d’Amiens
Depuis une dizaine d’années, l’extrémité sud de la rue Saint-Fuscien à Amiens, dans la Somme, a été le théâtre de nombreuses campagnes de travaux d’aménagement variés. Ce furent presqu’autant d’occasions de pratiquer surveillances et diagnostics archéologiques qui, bien que non jointifs, ont été la source de nouvelles données sur un unique fait archéologique, fondamental dans l’histoire d’Amiens : la Voie de l’Océan. L’un des diagnostics, prometteur, déboucha sur une opération de fouille dont les résultats allèrent au-delà des espérances : une vue quasi-totale en coupe et plan de la voie romaine, d’un fossé-limite au bord opposé de la bande de circulation. La puissance stratigraphique y atteint 1,60 m pour 2000 ans d’histoire. La politique d’aménagement semblant marquer le pas dans cette zone, l’heure est donc propice à se livrer à un travail de compilation et de partage de ces connaissances neuves, qui passe notamment par l’élaboration d’un tracé prospectif argumenté de la voie et de ses aménagements. De plus, afin d’intégrer cette étude dans un cadre plus large, nous proposons de la mettre en perspective avec les résultats des travaux du PCR Dynarif, par le biais des outils d’analyse proposés par ce dernier.
• Le cas exceptionnel d’une lance à fourreau. La lance de Brissay-Choigny "La Prélette" (Aisne)
Des fouilles menées en 2012 sur la commune de Brissay-Choigny (Picardie), au lieu-dit "La Prélette", à l’emplacement d’un paléochenal de la rivière Oise ont permis de mettre au jour une lance médiévale à ailettes dotée d’un fourreau. Il s’agit d’une découverte à la fois remarquable et inédite pour la France. Le caractère anaérobique du milieu a permis la bonne conservation d’une partie de la hampe ainsi que d’un fourreau en bois surmonté d’une bouterolle en argent ou en alliages cuivreux. Bien que trouvée hors stratigraphie, la lance a pu être datée par comparaison typochronologique entre le IXe et le XIIe siècle. Il s’agit ici d’apporter quelques éléments d’analyse et de réflexion sur un objet exceptionnel, inédit pour la France et très certainement aussi pour l’Europe.