Numéro 9 - 1995
ISSN : 1272-6117
Actes du 19e colloque interrégional sur le Néolithique tenu à Amiens (Somme) en 1992.
(170 pages)
Sommaire :
- André THEVENIN : Mésolithique récent, Mésolithique final, Néolithique ancien dans le quart nord-est de la France ; pour une réinterprétation des données.
- Michael ILETT, Claude CONSTANTIN, Jean-Paul FARRUGGIA (avec une contribution de Corrie BAKELS) : Bâtiments voisins du Rubané et du Groupe de Villeneuve-Saint-Germain sur le site de Bucy-le-Long “La Fosse Tournise” (Aisne).
- Frédéric PRODÉO : La céramique du site Villeneuve-Saint-Germain de Longueil-Sainte-Marie “La Butte de Rhuis III” (Oise).
- Henri CARRÉ : La céramique des sépultures des monuments de Passy (Yonne).
- Marc TALON, Vincent BERNARD, Ghislaine BILLAND, Richard COTTIAUX, Jean-François PASTRE, Jean-Marie PERNAUD et Dominique PROST : Le niveau organique du Néolithique récent du site stratifié de “La Station d'Épuration” à La Croix-Saint-Ouen (Oise).
- Pierre-Arnaud de LABRIFFE, Anne AUGE-REAU, Isabelle SIDÉRA, Frédéric FERDOUEL : Villemaur-sur-Vanne “Les Orlets” (Aube), quatrième et dernière minière de l'autoroute A5. Résultats préliminaires.
- Ghislaine BILLAND, Hélène GUILLOT, Isabelle LEGOFF, François MALRAIN, Estelle PINARD, Marc TALON : Trois structures funéraires collectives dans la moyenne vallée de l'Oise.
- Claude MASSET : Une demeure d'éternité construite dans du sable ; la sépulture collective d'Essômes-sur-Marne (Aisne).
- Claude MASSET : Sur la stratigraphie de La Chaussée-Tirancourt (Somme).
- Mark PATTON et Olga FINCH : Premières données sur le cairn néolithique de La Hougue Bie à Grouville (Jersey).
- Cyrille BILLARD, Philippe CHAMBON, Mark GUILLON (avec la collaboration de Florence CARRÉ) : L'ensemble des sépultures collectives du Val de Reuil et de Portejoie (Eure) ; présentation.
- Sylvie BACH : La sépulture collective de Cuiry-les-Chaudardes “Le Champ Tortu”.
- Philippe MARINVAL : Réserve et consommation sur un site post-Rubané, “Les Plantes-du-Monts”, Gurgy (Yonne).
Résumés :
Mésolithique récent, Mésolithique final, Néolithique ancien dans la quart Nord-Est de la France : pour une réinterprétation des données
Par le biais des armatures, éléments à forte charge culturelle et à partir du postulat : « L'armature est un facteur d'identité en Préhistoire », sont présentés les divers groupes du Mésolithique récent et du Mésolithique final du Nord-Est de la France et régions limitrophes. Sont discutées les éventuelles liaisons entre armatures évoluées mésolithiques et armatures rubanées, en particulier de Cuiry-lès-Chaudardes et de Trosly-Breuil. Des problèmes annexes sont évoqués concernant divers gisements de Lorraine, d'Alsace et du Nord du Jura.
Bâtiments voisins du Rubané et du Groupe de Villeneuve-Saint-Germain sur le site de Bucy-le-Long « La Fosse Tounise » (Aisne)
Le site de Bucy-le-Long « La Fosse Tounise » (Aisne), menacé par l'ouverture d'une grévière et en cours de fouille depuis 1991, a livré des vestiges bien conservés de deux habitats néolithiques. Le premier appartient au Rubané Récent du Bassin Parisien et le deuxième, postérieur, au groupe de Villeneuve-Saint-Germain. Malgré la proximité des bâtiments de ces deux groupes qui se sont succédés sur le même site, le contenu des fosses latérales ne semble pas mélangé. L'analyse du matériel céramique et lithique, ainsi que des graines carbonisées, en provenance des fosses latérales de deux bâtiments voisins (l'un daté du Rubané, l'autre du Villeneuve-Saint-Germain) permet de souligner les différences, mais aussi les éléments de continuité entre les deux périodes.
La céramique des sépultures des monuments de Passy (Yonne). Rites funéraires et réflexions sur l’aspect figuratif
L'attention attirée par les déformations d'un vase provenant d'une sépulture des monuments de la nécropole de Passy a entraîné l'étude des particularités des autres. Le fait que ces vases et que les spatules anthropomorphes provenaient seulement des tombes larges et profondes avec des squelettes en position allongée et plus particulièrement dans les monuments longs appartenant à la deuxième phase de construction, il était évident que leurs symboles avaient une signification plus complexe qu'un simple rite. L'assimilation du décor du vase de Crossgartach à un paysage représentant les trois éléments essentiels à la vie des paysans : chaleur, eau et terre, aboutit à un aspect cultuel répandu dans le monde indo-européen.
Le niveau organique Néolithique récent du site stratifié de la station d’épuration à La Croix-Saint-Ouen (Oise). Premiers résultats.
Le projet d'implantation d'une station d'épuration dans la plaine inondable de la moyenne vallée de l'Oise, à La Croix-Saint-Ouen, a permis d'étudier une importante stratigraphie couvrant principalement le troisième millénaire. Elle est composée d'une alternance de berges et de niveaux d'atterrissement qui contiennent du mobilier archéologique en position de rejet ou inclus dans des niveaux d'habitat suivant les cas. L'intérêt majeur du site réside en la présence d'une couche organique placée en bas de berge qui a pu être explorée sur une vingtaine de mètres carrés. Cette couche a livré, outre des centaines de macrorestes végétaux, de nombreux bois « naturels » et taillés, un manche d'herminette et les restes d'un arc. Des vestiges céramiques, lithiques et osseux rejetés avec ces bois sont attribuables au Néolithique récent, datation confirmée par la dendrochronologie.
Villemaur-sur-Vanne « Les Orlets » (Aube) quatrième et dernière minière de l’autoroute A5. Résultats préliminaires
La minière des « Orlets », à Villemaur-sur-Vanne (Aube), est située sur le versant opposé de celle fouillée sur la même commune en 1991 (Villemaur-sur-Vanne « Le Grand Bois Marot ») et présentée au colloque sur le Néolithique à Dijon ainsi qu'à la Table ronde de Vesoul sur les « Mines de silex au Néolithique en Europe occidentale ». Egalement menacée par la construction de l'autoroute A5, ce site, dont la superficie totale est estimée entre 25 et 40 ha, elle a fait l'objet d'une fouille de sauvetage programmé sur une superficie d'environ un hectare. La phase terrain s'est déroulée sur quatre mois entre février et mai 1992 ; les études sont encore en cours et ce ne sont que des résultats préliminaires qui sont présentés ici.
Trois structures funéraires collectives dans la Moyenne Vallée de l’Oise
A la fin de l'année 1991 fut entreprise dans le cadre du programme archéologique de la moyenne vallée de l'Oise, l'évaluation de trois structures très probablement SOM comme le confirmera la découverte d'une petite céramique. La présence d'ossements humains brûlés montre de manière irréfutable leur fonction sépulcrale, En revanche l'ordonnance des fragments osseux présuppose d'un stade de fonctionnement différent. Par leur morphologie oblongue, ces trois structures funéraires s'apparentent aux sépultures collectives. Elles se distinguent de leurs consoeurs mégalithiques par une architecture sans doute basée sur le bois et non sur la pierre. Dernière particularité : l'incendie général et intense qui les embrasa toutes les trois. Des exemples similaires sont rares dans le Bassin parisien. Il faut aller outre-Rhin pour trouver des sépultures semblables, détruites par le feu.
Une demeure d’éternité construite dans du sable : la sépulture collective d’Essomes-sur-Marne (Aisne). Information préliminaire à une monographie
Cette tombe collective, d'un type inhabituel, datait des environs de 2 000 av. J.-C. Construite en bois, elle s'enfonçait pourtant à flanc de coteau comme un hypogée. L'inhumation primaire y avait été la règle, en deux couches distinctes. Le monument portait la trace de destructions partielles en cours d'utilisation, et s'accompagnait de structures périphériques largement développées.
Sur la stratigraphie de la Chaussée-Tirancourt (Somme)
L'allée mégalithique de La Chaussée-Tirancourt (Somme) a fourni trois vases en stratigraphie. L'un d'entre eux est de facture Seine-Oise-Marne. Le plus ancien, qui n'a pas d'homologue en France, peut avoir de lointains cousins en Allemagne. Le plus récent pourrait être Gord ou Bronze ancien. L'auteur s'interroge sur le bien-fondé d'une dénomination - Seine-Oise-Marne - qu'on voit appliquée de la même façon à un niveau d'habitats et une collection de sépulcres d'époques mal précisées. Il souhaite que ces deux entités soient distinguées dans la nomenclature.
Premières données sur le cairn néolithique de La Hougue Bie a Grouville (Jersey)
Le dolmen-à-couloir de La Hougue Bie à Jersey est connu depuis 1924. Le Service d'Archéologie de Jersey s'occupe actuellement d'un programme de fouilles sur le cairn de ce monument, qui n'a été jamais exploré auparavant. Les fouilles de 1991 et 1992 ont montré l'existence de deux parements concentriques, qui semblent appartenir à deux phases de construction néolithiques. Le cairn primaire avait un diamètre de 35 mètres, avec un seul parement, haut de 9 mètres. Ce cairn fut élargi pendant la deuxième phase, par la construction d'une terrasse de terre, avec un deuxième parement d'environ 47 mètres de diamètre.
L’ensemble des sépultures colectives de Val-de-Reuil et de Portejoie (Eure) : présentation
Cinq sépultures collectives néolithiques rapprochées ont été mises au jour au cours de l'exploitation d'une carrière de granulats, dans la Boucle du Vaudreuil. L'article a pour but de présenter brièvement ces monuments qui n'ont pas encore tous fait l'objet de fouilles complètes, et de mettre l'accent sur les différentes problématiques qui peuvent être mises en place actuellement dans le cadre d'une opération de sauvetage. Des pistes de recherche originales concernent en particulier les rapports entre les différents monuments et également leur histoire, c'est-à-dire leur impact sur le paysage et l'occupation humaine postérieure à leur utilisation funéraire.
La sépulture collective de Cuiry-lès-Chaudardes « Le Champ Tortu » (Aisne)
La sépulture collective de Cuiry-lès-Chaudardes, située sur le lieudit du « Champ-Tortu » (Aisne), a été fouillée en 1974 et étudiée récemment. Des indices archéologiques et taphonomiques ont mis en évidence la présence d'une architecture construite en matériaux périssable. A l'intérieur de cette structure, des corps y ont été déposés avec rigueur et au fur et à mesure des décès. L'absence de matériel ne permet pas de proposer une datation précise.
Réserve et consommation sur un site post-Rubané : les plantes du Monts, Gurcy (Yonne)
Les fouilles de cinq habitations du Néolithique post-Rubané aux « Plantes-du-Mont », Gurgy (Yonne) J.P. Delors a recueilli des paléo-semences carbonisées dans le comblement secondaire de deux silos de la maison M5. Les graines d’une seule espèce cultivée sont présentes : le pois (Pisum Sativum), légumineuse couramment cultivée à cette période. La cueillette est attestée par la découverte de fragments de coquilles de noisettes (Corilus avellana) et des poires sauvagcs (Pyrus pyraster). Les poires sont coupées en deux dans le sens longitudinal, ce qui indique qu'elles furent mises à sécher à proximité d'un foyer afin d'être conservées après la période de collecte (l'automne). Gurgy témoigne de la première mention de cueillette et de séchage de poires sauvages pour l'enscmble du complexe rubané. Ce gisement se démarque également des sites contemporains par l'absence de céréale ; mais cette situation peut ne résulter que des conditions taphonomiques.