Numéro 1/2 - 2004
ISSN : 0752-5656
Le Paléolithique final de Saleux (Somme). Incinérations laténiennes à Milly-sur-Thérain (Oise). Archéologie en milieu boisé en Picardie.
(164 pages)
Sommaire :
- Paule COUDRET & Jean-Pierre FAGNART: Les fouilles du gisement Paléolithique final de Saleux (Somme).
- Stéphane GAUDEFROY & Isabelle LE GOFF : La nécropole du début du Bronze final de Verneuil-en-Halatte (Oise).
- Nathalie BUCHEZ, Isabelle LE GOFF & Patrice MILLERAT : Les nécropoles à incinération de La Tène ancienne de Milly-sur-Thérain et Saint-Martin-le-Nœud.
- Bernard LAMBOT : Les monnaies gauloises en or de Ribemont-sur-Ancre (Somme). Réflexion sur leur datation.
- Claudine ALLAG : Le Centre d'étude des peintures murales romaines (Soissons, Aisne). Intervention récentes.
- Bénédicte DOYEN, Guillaume DECOCQ & Patrice THUILLIER : Archéologie des milieux boisés en Picardie.
Résumés :
Les fouilles du gisement paléolithique final de Saleux (Somme)
Découvert sur le tracé de l’autoroute A16, au niveau du franchissement de la vallée de la Selle, le gisement paléolithique et mésolithique de Saleux a fait l’objet d’une dizaine de campagnes de fouilles depuis 1993. Une douzaine de locus attribuables à la tradition des groupes à Federmesser et au Mésolithique moyen ont été mis au jour. Les occupations archéologiques se situent en bordure de la plaine alluviale actuelle en marge d’un paléo-chenal. Les recherches menées apportent de nouvelles informations sur l’identité technique et culturelle des groupes qui ont occupé la région au cours de l’oscillation d’Allerød et de la chronozone du Boréal, mais également sur la structuration des habitats et les modalités d’occupation du territoire. La découverte de restes humains attribuables au Paléolithique final apporte un intérêt supplémentaire au gisement de Saleux qui constitue un site de référence pour l’étude du Tardiglaciaire et du début de l’Holocène du Nord de la France.
La nécropole du début du Bronze Final de Verneuil-en-Halatte (Oise)
Le parc d'activités technologiques ALATA est situé sur les communes de Verneuil-en-Halatte et de Creil (Oise). Son aménagement donna lieu à partir de 1999 à plusieurs interventions archéologiques sur une quarantaine d'hectares (Hosdez, 1999 ; Le Guen et al., 1999 ; Gressier, 1999 ; Hosdez, 2000 ; Gaudefroy, 2000). C’est dans ce contexte qu’a été fouillée une petite nécropole à incinérations qui a livré treize structures funéraires.
Deux datations 14C réalisées sur deux ensembles osseux distincts fournissent les résultats suivants (laboratoire de Gröningen, Pays-Bas) :
Tombe 18 (ossements en fosse) : 3 180 ± 45 BP, date calibrée.
Tombe 20 (ossements en urne) : 3 095 ± 45 BP, date calibrée.
Ces résultats permettent de situer la fréquentation de la nécropole au début du Bronze final I.
Les nécropoles à incinérations de La Tène ancienne de Milly-sur-Thérain et Saint-Martin-le-Nœud (Oise)
Deux projets de lotissement, l’un sur la commune de Milly-sur-Thérain et l’autre sur la commune de Saint-Martin-le-Nœud, respectivement situés à 10 km au nord-ouest de Beauvais, pour l’un, et 4 km au sud de cette même ville, pour l’autre (fig. 1), sont à l’origine de la découverte et de la fouille de deux nécropoles à incinérations se rapportant à La Tène ancienne (Ve-IVe siècle avant notre ère).
L’exclusivité de l’incinération dans le cas de Milly-sur-Thérain dont on pouvait, d’emblée reconnaître l’affiliation au groupe culturel Aisne-Marne confère à cet ensemble funéraire qui s’étend sur la fin du Ve siècle et une partie du IVe siècle un intérêt particulier. Dans une aire culturelle où l’inhumation est par ailleurs la pratique dominante, le seul exemple équivalent est, en effet, celui d’Oulchy-La-Ville “La Bayette” dans l’Aisne (Hinoult & Duval, 1984). La fouille de la nécropole de Milly-sur-Thérain prend place dans un contexte de renouvellement de nos connaissances pour ce qui est de la partie occidentale de la Picardie où se multiplient depuis quelques années les découvertes à attribuer à La Tène ancienne.
Le Centre d’étude des peintures murales romaines (Soissons, Aisne). Interventions récentes.
La ruine imposante de l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes appartient au paysage familier du Soissonnais, mais on ignore souvent que, dans son enceinte, l’ancien grenier , vaste édifice aménagé sur trois étages, abrite depuis 1972 le Centre d’Étude des Peintures Murales Romaines. Habituellement fréquenté par les archéologues antiquisants, ce laboratoire reste, parfois, mal connu d’un plus vaste public.
En quoi consiste le travail qui s’y effectue ? C’est une spécialisation pointue, comme la plupart des disciplines archéologiques. Elle se concentre non seulement sur une période et une culture précises, l’Antiquité romaine, mais aussi sur un matériau bien défini : l’enduit peint qui recouvrait alors, quasi systématiquement, murs et plafonds des édifices publics ou privés.
Archéologie des milieux boisés en Picardie
L’archéologie des milieux boisés est une discipline relativement récente. Des travaux novateurs avaient déjà montré le chemin pour le Nord de la France ; nous pensons, notamment, à l’article de Jean-Michel Desbordes (1975) sur les principes d’archéologie forestière ou à la thèse de Jean-Jacques Dubois (1989) sur les milieux forestiers du Nord de la France. Le présent article donne l’occasion de regrouper, dans une même perspective, les travaux de trois chercheurs d’horizons différents qui, tous, ont l’opportunité de travailler régulièrement en contexte forestier. La juxtaposition de la recherche « en » forêt et de celle « sur » la forêt conduit à élaborer et à tester des méthodes permettant d’aborder d’une part un milieu de travail original, la forêt et, d’autre part, un matériau d’étude particulier, un couvert forestier ancien dont il faut cerner l’évolution jusqu’à son stade actuel. À une phase d’archéologie extensive, plus ou moins poussée selon les milieux et les périodes concernées, est associée une prospection au sol adaptée à l’environnement forestier et aux problématiques fixées.